mercredi 12 août 2009

La belle GABRIELLE


Gabrielle d'Estrées (à droite) et sa sœur la duchesse de Villars (École française, vers 1594). Le geste de la duchesse de Villars signifie que Gabrielle d'Estrées est enceinte, ce que confirme la servante en train de coudre une layette en arrière-plan.

Si Henri IV ne s'entendait pas avec La reine Margot... une autre femme resta longtemps l'une de ses favorites : Gabrielle D'Estrées
Gabrielle d’Estrées, la « presque reine », « blonde, dorée, d’une taille admirable, d’un teint d’une blancheur éclatante » (Mademoiselle de Guise), « blonde aux yeux bleus, aux sourcils admirablement dessinés, avenante et potelée » (François Bluche), « belle mignonne un peu fade et sans trop d’esprit » (Jean-Pierre Babelon),
a, du fait même de son destin tragique dans lequel certains ont voulu voir un empoisonnement voire la main du démon, fasciné tant ses contemporains que la postérité. Ainsi Agrippa d’Aubigné, pourtant généralement avare de compliments, salua en elle celle qui poussa le roi à rédiger et signer l’édit de Nantes : « C’est une merveille, comment cette femme de laquelle l’extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu’en concubine tant d’années et avec si peu d’ennemis. Les nécessités de l’État furent ses seules ennemies ».

lundi 10 août 2009

Gabrielle d' Estrées


Mot de l'éditeur http://livre.fnac.com/a1050417/I-Murat-Gabrielle-d-estrees
En cette fin de XVIe siècle, la France est le théâtre de passions débridées, de haines extrêmes, d'actes d'une violence incontrôlée, d'une cupidité délétère et d'extravagances de toutes sortes. Les remises en cause consécutives à l'apparition de l'humanisme, aux guerres religieuses et aux mutations économiques, troublent les esprits.
. Contraint comme huguenot à quitter la cour des Valois, bientôt chef du parti opposé au roi, ennemi juré des catholiques de la Ligue, puis héritier désigné mais contesté du trône, enfin mal accepté, Henri trouve avec sa jeune maîtresse (elle a vingt ans de moins que lui...) et les enfants qu'elle lui donne le réconfort d'un foyer paisible que la reine Margot _ à laquelle on l'a naguère marié _ ne lui procure pas.
Gabrielle est devenue une " presque épouse ", voire une " quasireine ". Henri s'était mis en tête d'en faire la reine de France, lorsqu'elle mourut brutalement (ce qui résolut le grave problème dynastique que cette union n'aurait pas manqué de poser).
Issue d'une " famille dont les femmes savent plier leur vertu aux exigences du moment qui passe ", la favorite n'a certes pas aimé le roi sans réserve; elle n'a jamais oublié ses intérêts et ceux des siens.

mercredi 29 juillet 2009

Marguerite de Valois


La reine Margot



Marguerite de Valois ou de France (1553-1615), parfois appelée aussi Marguerite de Navarre comme l'auteure de l'Heptaméron dont elle est la petite-nièce, est la fille de Henri II et de Catherine de Médicis, la soeur des rois François II, Charles IX et Henri III.


Célèbre pour sa beauté et sa culture, elle est mariée en 1572 au futur Henri IV, alors roi de Navarre et protestant. Leur mariage, destiné à régler au sommet les querelles religieuses, est suivi une semaine plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy.

En 1584, à l'orée de la dernière guerre civile, elle abandonne (selon ses propres termes) un époux qui ne fait plus que l'utiliser dans ses marchandages avec la France et qui vit ouvertement avec la comtesse de Guiche; elle se retire dans sa ville d'Agen, qu'elle fait fortifier. Elle en est chassée quelques mois plus tard. Commence alors une période d'errance, puis d'exil dans la forteresse d'Usson (Puys de Dôme), où elle est enfermée quelques mois sur l'ordre d'Henri III, mais dont elle devient vite la châtelaine et où elle vit de 1587 à 1605.


dimanche 26 juillet 2009

Mon poème préféré de LOUISE

Baise m'encor, rebaise-moi et baise
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;

Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

vendredi 3 juillet 2009

Louise Labé... la Belle Cordière


Belle et cultivée, fille d'un marchand de cordes, Louise épousa après une vie aventureuse un riche cordier de lyon, d'où son surnom de Belle Cordière.

Elle écrit des poèmes à une époque où la production poétique est intense. Sa culture est aussi celle de la Renaissance italienne. Elle prend vigoureusement position contre la façon dont Jean de Meung achève le travail interrompu de son prédécesseur Guillaume de Lorris, en passant d'un récit mythique et symbolique à des descriptions bien plus terre à terre, et même sensiblement misogynes. Ce sera en pure perte : le Roman de la rose connaîtra un succès considérable.
L'œuvre de Louise Labé, très mince en volume (662 vers), se compose d'un Débat de Folie et d'Amour, de trois Élégies et de vingt-quatre sonnets, lesquels expriment les tourments féminins de la passion.



VIII
Je vis, je meurs : je me brule et me noye
J'ay chaut estreme en endurant froidure :

La vie m'est et trop molle et trop dure.

J'ay grans ennuis entremeslez de joye :
Tout à un coup je ris et je larmoye,

Et en plaisir maint grief tourment j'endure :

Mon bien s'en va, et à jamais il dure :

Tout en un coup je seiche et je verdoye.
Ainsi Amour inconstamment me meine :

Et quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me treuve hors de peine.
Puis quand je croy ma joye estre certeine,

Et estre au haut de mon desiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.

8
Je vis, je meurs ; je brûle et je me noie ;

j'ai très chaud tout en souffrant du froid ;

la vie m'est et trop douce et trop dure ;

j'ai de grands chagrins entremêlés de joie.
Je ris et je pleure au même moment,

et dans mon plaisir je souffre maintes graves tortures ;

mon bonheur s'en va, et pour toujours il dure ;

du même mouvement je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour me mène de manière erratique ;

et quand je pense être au comble de la souffrance,

soudain je me trouve hors de peine.
puis quand je crois que ma joie est assurée

et que je suis au plus haut du bonheur auquel j'aspire,

il me remet en mon malheur précédent.

Oeuvres de 1555. (Sonnets)

jeudi 2 juillet 2009

Poèmes



D'une grande culture et d'un esprit très ouvert, elle protègea les auteurs suspects de sympathie pour la Réforme et composa des poèmes...
J'ai longuement senti dedans mon coeur

L'amour qu'à vous j'ai porté si très forte,

Si très honnête et tant pleine d'honneur

Qu'oncques nul coeur n'en sentit de la sorte ;

Mais maintenant qui tant me réconforte,

Bien que je sens mon affection vive

La vôtre y est si grande et si naïve

Que le sentir qui confirme ma foi

Me fait avoir l'élection craintive

Si cette amour est à vous ou à moi.
Marguerite de Navarre, Amour sacré ? Amour profane ?
Tel que tu fus, Seigneur, tout tel tu es,

Et tel seras, sans fin à tout jamais :

Très gracieux et doux à tes fidèles,

Très rude et dur et juste à tous méchants,

Qui sont toujours par malice péchant,

Sans espérer sous l'ombre de tes ailes.
Marguerite de Navarre, La Comédie de Désert

Marguerite et l' heptameron


L’Heptaméron est un recueil inachevé de 72 nouvelles écrites par Marguerite de Navarre. L'ouvrage tire son titre du fait que le récit se déroule sur sept journées, la huitième étant incomplète.


L’amour est le sujet principal. Souvent les devisants racontent des histoires dont les personnages sont infidèles ou lubriques. Il s`agit de l`amour charnel, de la tromperie et de la malice. La Croix du Maine, dans le deuxième tome de ses Bibliothèques françoises, déclare qu’il n’arrive pas à croire que la Reine de Navarre ait pu écrire des histoires si licencieuses...

...Les histoires grivoises de moines et de prêtres débauchés témoignent non seulement de l’anticléricalisme médiéval mais également de la pensée évangéliste de Marguerite.
Si Marguerite partage avec Boccace et Philipe de Vigneules cette condamnation des abus au sein de l`église (voir, par exemple, la cinquième nouvelle, dans laquelle est raconté le sort de deux cordeliers qui voulaient violer une jeune batelière), elle est innovatrice dans l’inclusion du célèbre débat sur le parfait amant ...


Le débat du parfait amant est abordé ailleurs dans l’œuvre de Marguerite de Navarre, notamment dans sa dernière pièce de théâtre, « La comédie du parfait amant», qui fut achevée vers la toute fin de la vie de la reine... L’Heptaméron, que Marguerite continua jusqu’à la fin de sa vie, témoigne également de ce courant platonicien en France...Les narrateurs masculins exposant les tours que font les femmes (nouvelles 30, 35) et les narratrices accusant les hommes de déloyauté, il est difficile de dégager exactement la pensée de l’auteur. Néanmoins, quelques thèmes semblent ressortir. Dans les débats entre les devisants, Oisille et Parlamente prennent souvent la parole pour faire une défense des femmes.

Parlamente et Oisille sont également celles qui témoignent le plus de l’esprit évangéliste. À plusieurs reprises, elles corrigent les mauvaises interprétations des évangiles prononcées par les autres devisants.
Ainsi, on a pu parler de féminisme, de néo-platonisme, d’évangélisme. Ces dimensions existent, mais la polyphonie semble rendre difficile l’appréciation...